La vie des agences de FUNECAP GROUPE dans l’Est pendant l’épidémie
Les collaborateurs de FUNECAP GROUPE du Grand Est ont su répondre à l'appel des familles endeuillées en pleine crise du Covid_19.
Cette crise sanitaire inédite place nos professionnels du funéraire dans des situations complexes et les pousse à s’adapter en toute hâte.
Linda COLINET, Aurore LAURENT et Marie Claude CLAUDEPIERRE ont été et sont encore au cœur de cette crise sanitaire. Elles nous dévoilent en toute pudeur, et surtout avec détermination, la manière avec laquelle elles répondent, avec leurs collaborateurs, à l’appel des familles.
Un métier amputé de son essence
L’accompagnement est le cœur de notre métier. Or les conditions sanitaires nous contraignent à des obsèques minimalistes où seulement quelques personnes sont présentes. Ces dernières ont vu leur parent ou proche malade (souvent le confinement et l’éloignement géographique les ont même dépossédées de ce moment) et, tout à coup, se retrouvent devant un cercueil, ayant à peine eu le temps de se recueillir.
S’il y a bien un sens qui fait défaut en ce moment, et qui pourtant est indispensable à tout travail de deuil, c’est celui du toucher. Aucune embrassade de réconfort, aucune main jointe dans celle d’un autre pour se soutenir, les larmes coulent sur les masques.
C’est là que tout notre accompagnement fait sens. Les professionnels du funéraire ne sont pas là que pendant l’organisation stricte des obsèques mais aussi après celles-ci. C’est pourquoi nous proposons aux familles de pouvoir organiser a posteriori une cérémonie afin de rendre un hommage qu’elles n’auront pas pu organiser au moment du décès. Pour Aurore LAURENT, Responsable de l’agence Fournier à Remiremont dans les Vosges, « on fait en ce moment un métier qui n’est pas le nôtre, on ne peut pas donner le même accompagnement ».
Le dépassement de soi
Linda COLINET est Directrice d’un secteur de 18 agences FUNECAP GROUPE. Toutes sont restées ouvertes pendant cette crise sanitaire. Les Equipements de Protection Individuelle sont vite arrivés comme dans les autres régions du Groupe, ce qui a permis de tenir. Au début du confinement, au moment où nous étions déjà dans une situation où les décès s’accumulaient, « les équipes étaient tendues, elles avaient très peur ». Malgré cette forte pression, Linda assure « on a toujours été équipé, ce qui fait que l’on a vite dépassé nos craintes. L’être humain s’habitue au pire » assure Linda. Et chaque agence a été dotée rapidement de vitres amovibles de séparation qui ont permis de rassurer tant les familles que le personnel.
Pour Aurore LAURENT, il y avait « beaucoup de craintes au début. On avait beaucoup de questions sur le virus, et comment nous allions pouvoir adapter notre manière de travailler ».
Marie-Claude CLAUDEPIERRE, au sein de son agence Pompes funèbres de la Vallée de Munster qui existe depuis plus de 30 ans, a pu compter sur le soutien de ses porteurs : « malgré la peur, mais aussi pour certains leur âge, aucun n’a reculé ». Marie-Claude s’est sentie écoutée et soutenue par sa hiérarchie et a su trouver un appui fort et constant auprès de Denis SEVE, Directeur FUNECAP EST.
Les conditions sont d’autant plus difficiles qu’il a fallu s’adapter au gré des modifications de décrets. Entre ordre et contre ordre, certaines familles ont pu voir leur défunt, puis la semaine suivante d’autres n’avaient plus le droit. Depuis le 1er avril, les soins de conservations sont interdits pour tous les défunts ce qui semblent être une double injustice pour les familles endeuillées d’un décès hors covid_19. « On a perdu nos thanatopracteurs et ça a été compliqué de tout gérer en même temps » relate Linda. Car même si une accalmie semble se dessiner, ici sur le Territoire de Belfort, il y a toujours beaucoup de décès y compris hors Covid-19.
Nous avons réussi à toujours proposer que maximum 20 personnes soient présentes lors de la cérémonie comme l’impose le décret, sauf en Alsace où la situation était plus compliquée. En Meurthe-et-Moselle et dans les Vosges, les bénédictions ont lieu au cimetière par le prêtre. « Nous avons également dû nous adapter en faisant un petit recueillement au sein des funérariums lorsque cela était possible ».
Des familles endeuillées, compréhensives mais marquées
Pour Linda, « 99 % des familles ont compris la situation, elles avaient également peur pour elles-mêmes et nombreuses sont celles qui n’ont pas demandé à voir leur défunt ». Pour Aurore, la crainte était surtout « de ne pas avoir toutes les réponses à leurs questions » bien légitimes en cette période troublée.
Dès l’hospitalisation, certaines personnes ne peuvent plus voir leur proche. « C’est très dur ! Notre métier n’est pas de faire simplement des devis. Nous voulons accompagner les familles bien au-delà évidemment.» « On sent l’angoisse des familles lorsqu’elles nous appellent. Toutes ces familles seront marquées, beaucoup plus que d’habitude et il risque d’y avoir beaucoup de deuils pathologiques » se désole Aurore.
Pour Marie-Claude, cela est un véritable crève-cœur « on connait certaines personnes, on ne peut pas les toucher, les embrasser, leur tenir la main pour les soutenir comme nous pouvons le faire d’habitude ».
Dans le Grand-Est, la religion protestante est prégnante et le taux de crémation est plus élevé qu’ailleurs. Mais, pour Marie-Claude, le premier crématorium est à 55km, beaucoup de familles n’ont pas eu le droit de se déplacer, alors elle leur a organisé des petits recueillements avant le départ du convoi. « On a passé près d’un mois vraiment très difficile, et on espère en voir le bout bientôt ».
Les cérémonies protestantes sont très personnalisées et donc viennent conjuguer le civil et le religieux, ce qui a permis aux familles d’avoir quelques mots du Pasteur lors des inhumations.
S’en sortir grâce au collectif
Plutôt que de longs discours sur le sens des valeurs humaines, c’est lors de situations exceptionnelles comme celle-ci que se révèlent la réelle culture d’un groupe et son esprit collectif. « Une grosse solidarité s’est mise en place entre nous et c’est ce qui nous a permis de tenir, les moyens humains et matériels étaient là et on a vite pris nos habitudes. On a tourné dans les agences pour que chacun puisse se reposer et prendre des forces » indique Linda.
Aurore est du même avis, « entraide » et « dialogue » sont les mots qui viennent éclairer ce quotidien. Le fait que la hiérarchie soit passée très régulièrement et que les deux fondateurs du groupe aient visité chaque semaine les agences, les dépôts et les crématoriums du Groupe a été perçu comme un soutien très fort et une véritable reconnaissance des efforts fournis.
Cette situation n’est pas finie et malgré la fatigue, Aurore assure : « 2 mois après, nous sommes toujours là, on tient bon, et ça c’est une partie de gagnée. On est là pour nos familles. On veut les accompagner et c’est notre devoir de les suivre ».